Apocalypse
Chapitre 13
1 / La bête qui monte de la terre et la bête qui monte de la mer.
L'apôtre Jean, quand il décrit sa vision, est "ravi en esprit". Apo:1.10,2 Ainsi, sur l'île de Patmos, il est hors du temps et de l'espace, et voit l'humanité telle qu'elle évolue vers sa fin. Comme tous les prophètes il voit ce qui existe déjà dans l'avenir, et que nous ne connaissons pas encore, puisque nous sommes dans le temps, et dans le présent. Il n'est pas de ce propos d'étudier la nature du temps (Kronos), rappelons simplement que Dieu a tout créé avant de se reposer le septième jour. La création étant achevée en une seule fois, il s'ensuit que ce que nous nommons : le présent, n'est que la découverte du futur. Gardons à l'esprit que Jean écrit ce qu'il voit selon les connaissances et le vocabulaire de son époque, et nous le transmet en un langage sibyllin, dont seul l'Esprit Saint détient la clé qui nous permet de la décoder. Quelqu'un demanda quel intérêt peut-on avoir à étudier un texte incompréhensible? Cette remarque ne peut être émise que par un incroyant qui n'a aucune idée de la richesse de l'Ecriture. Cette question est semblable à: A quoi sert la foi, ou: à quoi sert la science, puisque l'on peut vivre aussi bien sans la première et n'avoir aucune idée de la seconde? Ceux qui aiment Dieu cherchent à le connaître, et le connaître c'est aussi connaître sa création.
2 / Je vis monter
Jean ne dit pas : je vis sortir; ou je vis surgir; et encore moins je vis jaillir; mais il dit je vis monter. Ce verbe, largement employé dans l'Ancien Testament, exprime une action progressive, une élaboration qui se fait avec le temps, dont l'accomplissement se fera à l'époque prévue.
3 / De la mer
La mer est le symbole de l'humanité, depuis son origine jusqu'à sa disparition. Les fleuves symbolisent les nations au temps de leur règne, ils finissent dans la mer, et participent ainsi à l'accomplissement de la création. L'humanité a eu un commencement et elle aura une fin. Si elle n'avait pas de fin elle serait "éternelle", donc n'aurait pas eu de commencement. Si, à la fin des temps, selon Apo:21.1, un nouveau ciel et une nouvelle terre apparaissent, une nouvelle mer n'apparaît pas. La disparition définitive de la mer préfigure la disparition de l'homme dans sa forme actuelle, dans sa forme matérielle.
4 / Une bête
Nombreux sont les versets où des animaux ont un rôle symbolique. Le sens symbolique que l'Ecriture donne à "la bête" : c'est l'homme dans sa vie végétative et sentimentale. Une bête, est un corps dirigé par une âme, où l'esprit est inexistant. Ainsi l'homme animal ne peut pas entrer en relation avec Dieu, car son âme a coupé la relation avec son esprit.
5/ Qui avait dix cornes et sept têtes
Observons attentivement la bête telle qu'elle est décrite par l'apôtre.
"Elle a des pieds comme ceux d'un ours", donc elle marche comme l'homme, qui est aussi un plantigrade.
"Elle a un corps semblable à un léopard," un corps tacheté comme étant constitué d'une multitude d'organisations.
"Sa gueule qui est comme une gueule de lion," signifie qu'elle règne par la force. "Elle a sept têtes," sept organes pour penser, réfléchir, concevoir.
"Elle a dix cornes," qui sont dix dominations. Les cornes sont, dans l'Ecriture, synonymes de puissance.
La bête qui monte de la mer, c'est-à-dire produite par l'humanité, est la puissance de l'intellect humain qui a produit " la Science" et qui veut dominer sur toute la création.
Les sept têtes sont les sciences "abstraites", les disciplines, les théories qui agissent par et pour l'intellect. Ces "sciences" réunies en une seule forment: La Science, La Grande, qui, dans l'éclat de sa magnificence, de sa gloire, de son prestige, séduit les hommes, lesquels la vénère et lui voue un culte divin. La Science est une déesse qui prononce les oracles, explique le pourquoi et le comment de toutes choses : hors d'elle point de salut ! A la fois totem et idole, elle est fille du dragon. N'a-t-elle pas comme son géniteur, sept têtes et dix cornes? Ne poursuit-elle pas le même but ? Ne veut-elle pas dominer sur toute la création? Les scientifiques, évèques modernes, distribuent l'enseignement et l'éthique officielle, afin que le peuple contribue et participe au bonheur standard que la déesse a élaboré.
6 / Et sur ses têtes des noms de blasphème.
La Science enseigne magistralement, et ce qu'elle annonce est une vérité qu'il faut croire sous peine d'être marginalisé, voire détruit. Malheur à qui émet des doutes, ou qui démontre que nombres de doctrines ne sont que des hypothèses, postulats, suppositions, conjectures et autres théories illusoires.
Si l'on compare la masse de savoir acquise à la fin du vingtième siècle, à celle que possédait le troglodyte, la différence paraît énorme, mais si l'on place la totalité de ces connaissances en face des questions qui restent à résoudre, elle apparaît comme un assemblage hétéroclite ridiculement minuscule. L'érudit d'hier croyait détenir la vérité, vérité que le scientifique d'aujourd'hui "connaît" puisqu'il prouve que l'érudit d'hier se trompait. C'est la preuve par l'erreur : Si je prouve que l'autre est dans l'erreur, donc je prouve que je connais la vérité ! C'est la logique moderne. Il est évident que l'érudit de demain prouvera que le savant d'aujourd'hui ne fut qu'un ignorant.
La vérité est en Dieu, et seul l'esprit peut la comprendre. Lorsque nous disons "esprit" il s'agit de l'esprit dans sa fonction de relation avec Dieu, et non à une forme d'intellectualisme, ou à une quelconque réaction atomico-physico-chimique du cerveau, telle que la déesse science tente, vainement, de nous expliquer.
Si, ce qui est écrit sur les têtes de la bête, ce qu'enseigne la Science au moyen des sciences "abstraites", sont des noms de blasphèmes, c'est parce que ces sciences enseignent que Dieu n'est qu'un produit de l'imagination, une illusion, et qu'en réalité c'est l'homme qui est dieu ; s'il ne l'est pas entièrement aujourd'hui, la Science prophétise qu'il le sera demain, car, dit-elle, le potentiel divin est en nous, et il nous appartient de le découvrir. Certes, elle admet ne pas avoir découvert tous les secrets de la vie et de la nature, mais elle prétend les découvrir bientôt. Il ne peut en être autrement puisque, selon les lois du hasard, le progrès est irréversible !! Encore faudrait-il définir ce que sont ces lois du hasard, ce qu'est le "hasard" et en quoi consiste le progrès. Aujourd'hui, l'homme se console de sa mortalité en espérant que la Science lui donnera un destin à sa mesure et qu'il deviendra immortel, ou, en cette attente, il vivra dans un bonheur parfait.
Lorsque le dragon résidait dans le ciel, Apo:12.9, son emprise sur les hommes se faisait en agissant sur leur esprit, par conséquent sur l'âme en lui insufflant des désirs pervers, des rêves d'hégémonie, ou d'autres divagations, et en lui suscitant des croyances, plus ou moins absurdes, qui engendraient la superstition et la peur. Depuis que le dragon a été précipité sur la terre, la conjoncture présente d'autres caractéristiques. Les superstitions médiévales et les mythes anciens ont été déboulonnés et sont remplacés par les vérités nouvelles, parmi lesquelles une foule de mythes modernes s'est incrustée.
7/ Et sur ses cornes dix diadèmes.
Le dragon lui donna sa puissance, et son trône, et une grande autorité.
Les couronnes, qui ornaient les têtes du dragon, couronnent désormais les cornes de la bête. Depuis sa chute sur la terre, le dragon, a perdu de son influence directe sur les hommes, et a transmis ses pouvoirs à la Science. Ne pouvant plus agir sur les esprits, il règne par l'entremise de la bête, alias la Science, sur les âmes et sur les corps.
8 / Et je vis l'une de ses têtes comme blessée à mort.
Une tête blessée à mort, est une des sciences qui agonise : la psychologie. Pour comprendre, observons la situation de la psychologie qui figure actuellement parmi les sciences, bien que n'en étant pas une, n'étant, tout au plus, qu'un art, et n'a été, jusqu'à ce jour, qu'une sorte de chamanisme. En supplantant l'Eglise, en interpénétrant les rouages de la société, la psychologie se proposait d'apporter une réponse aux tourments psychiques des hommes. Son essor a gangréné toutes les activités sociales dans son sillage. Elle est apparue comme une supra science. Toutefois, le chemin qu'elle a emprunté ne peut que mener à un mur. Quelle que soit la caractéristique d'une science, celle-ci doit se conformer aux règles qui régissent les sciences. Les phénomènes observés doivent obéir à des lois, et doivent être vérifiés expérimentalement, voire à les reproduire pour en déterminer les causes et les effets; ce qui n'est pas le cas pour la psychologie. Comment la psychologie peut-elle, d'un côté, étudier le conscient et le subconscient, en réalité l'âme et l'esprit, et, de l'autre côté, déclarer que toutes les actions des hommes sont le résultat de processus physico-chimiques aléatoires qui apparaissent au sein d'une matière organique appelée cerveau. Est-il possible d'étudier "physiquement" et "chimiquement" les actions et les réactions du conscient et du subconscient qui ne sont que des abstractions, des noumènes ? De quelle non-matière sont-ils faits? Quel organe les abrite ? L'idée que la vie puisse dépendre d'un phénomène immatériel, n'est pour elle que fantasme, affabulation, élucubration, produits par des êtres primitifs et ignorants. Il est évident qu'en persistant dans cette voie l'actuelle psychologie est toujours en échec. Déjà, des scientifiques se posent discrètement la question, et le peuple commence à douter des capacités d'une science qui libère des malades mentaux, réputés totalement guéris, lesquels, dès qu'ils sont libres, retournent, et pour un pourcentage non négligeable, à leurs anciennes amours.
Mais, tel un gourou, la psychologie poursuit son emprise en s'adaptant aux réactions de ses adeptes. Elle s'infiltre dans toutes les actions de la société. Elle participe à la formation et à l'activité de toutes les catégories de travailleurs. Chaque emploi est subordonné aux résultats de tests, en général fort mal adaptés et beaucoup trop succincts pour décrire une personnalité. Elle contrôle l'enseignement et définit l'art d'enseigner, ce qui fait que l'école est devenue une fabrique d'ignares. Elle supervise la Justice, et décide du taux de responsabilité des coupables; elle décrète qui ira en prison ou qui ira en clinique. Elle a sa liturgie initiatique et son code de déontologie. Elle a ses grands prêtres, ses disciples et ses militants qui propagent sa doctrine à tous vents. Disons plutôt : ses doctrines, car elle a généré de nombreuses congrégations qui se contredisent, voire s'entre-dénigrent.
9 / Mais sa blessure mortelle fut guérie.
Cette guérison est un événement considérable. Pour comprendre l'ampleur de l'effet qu'elle produit, notons d'abords, comme il est précisé plus loin, que la blessure à la tête a été faite par l'épée. Selon l'Ecriture, l'épée symbolise la parole. Apo:2.16+Apo19.15 etc. La psychologie qui avait été blessée à mort, qui avait perdu son pouvoir, retrouve sa force en imitant la puissance de la Parole de Dieu.
La psychologie n'est-elle pas la seule discipline qui soit basée essentiellement sur la parole? Les perturbations mentales qui ne présentent aucune lésion organique, ne peuvent être décelées par aucun appareil et ne peuvent être décrites que verbalement par le malade lui-même. Ce passage obligé par la parole, sujette à la pauvreté du langage et à la diversité des langues, restreint singulièrement l'étendue de son champ d'activité. On peut voir des groupes médecins se rendre en pays étrangers pour apporter leur aide en cas de cataclysme, mais on n'a jamais vu des groupes de "psy" accourir en un quelconque pays étranger pour consoler les familles et les accidentés. Comment pourraient-ils le faire, à moins d'être parfaitement polyglotte et ethnologue ?
Vue de l'extérieur, en examinant la psychologie, on constate qu'elle présente la forme de la trilogie grecque: la psychiatrie, la psychanalyse et la psychologie.
- La psychiatrie, rattachée à la médecine, drogue le patient et attend que le temps fasse le reste.
- La psychanalyse écoute le patient raconter ses rêves, ses phobies, ses refoulements, ses peurs, ses désirs, et surtout ses affabulations. En l'invitant à revivre des souvenirs plus ou moins confus, elle le contraint à s'imaginer un passé plus ou moins réel où les souffrances passées s'enflent au fur et à mesures que les séances se multiplient. Suite à ce traitement, parfois sans fin, le patient devient un vrai psychopathe, dont les échecs sont imputables à autrui. Qui sont ces "autres", ce sont, par convention, ceux qui éduquent ou ceux qui enseignent, c'est-à-dire ceux qui se sont dévoués pour lui, qui l'ont soigné, nourri, instruit. Au cours et suite à sa psychanalyse, le psychopathe change de névrose, il est persuadé que si ses faillites sont la faute d'autrui, ses réussites sont le résultat de ses seuls mérites.
- La psychologie se place au-dessus de la mêlée: Elle note, classifie, conseille, publie des livres dont le contenu varie selon l'école, le style de l'époque, ou l'engouement du public. Des livres que les adeptes achètent pour garnir leur bibliothèque, après n'en avoir pratiquement rien compris, et retenu que ce qui convenait à leurs sentiments personnels, ou à leurs idées préconçues.
On peut résumer ce qui précède en une citation lapidaire: La psychiatrie anesthésie, la psychanalyse détourne, et la psychologie observe.
Devant sa mort annoncée, la psychologie sera contrainte de réagir. Il y va, non seulement du magnifique train de vie de ses prêtres, mais encore de la gloire de la déesse-science. Il lui faudra repartir sur des bases nouvelles. Ce renouveau se fera d'autant plus facilement qu'en ce futur-là les puissances spirituelles seront considérablement développées. N'est-il pas écrit:
"Dans les derniers jours je répandrai mon esprit sur toutes chairs"? Jo:2.28-32
Si, en ces temps difficiles, Dieu donnera aux vrais croyants une force spirituelle qui leur permettra de garder la foi en résistant aux persécutions; il donnera aussi aux athées des facultés qui leur permettront d'accomplir des miracles. N'est-ce pas Dieu qui élève et qui abaisse qui il veut ? Ne fait-il pas le bien et le mal comme il lui plaît? Job:2.10-Lam:3.38 Comme le phénix, la psychologie renaîtra de ses cendres, dotée de pouvoirs nouveaux qui subjugueront et envoûteront les foules.
10 / Et toute la terre était en admiration derrière la bête.
La psychologie qui était une science en devenir, est désormais une science accomplie. Elle a reconnu que l'homme n'est pas un amas de matière organisée, mais une matière vivante qui est dirigée par une force spirituelle hors des lois de la physique. Ayant repris les travaux de la parapsychologie, et les ayant développés scientifiquement, elle est capable d'influencer puissamment les âmes, voire de guérir certaines de leurs déficiences. Elle est devenue la religion officielle, et possède un pouvoir tel que n'en avait jamais rêvé l'Eglise de Rome au Moyen Age. Elle a étendu son emprise d'autant plus facilement que les Eglises évangéliques ont été éradiquées après avoir été accusées de sectarisme. Quant aux Eglises officielles, qui auraient pu opposer une résistance, il y avait longtemps qu'elles avaient perdu la foi, et n'étaient plus que des havres pour handicapés sociaux. Désormais la psychologie règne sans partage sur la pensée individuelle et collective. Ce ne sont pas les philosophes qui troublent son autorité, car il y a longtemps qu'ils n'existent plus. Déjà, à la fin du vingtième siècle, la philosophie se cantonnait au recensement des problèmes sociaux et à la critique du système politique en vigueur.
11/ Et ils adorèrent la bête en disant: qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle?
Ce verset décrit l'atmosphère de l'époque: Admirant le pouvoir de la Science, le peuple abandonne ses prérogatives et se soumet à ses ukases. Ceci n'est pas une situation nouvelle, depuis que l'homme vit en société, la plèbe a toujours accepté de se soumettre à une dictature lorsque celle-ci faisait des démonstrations de force enrobées de promesses de bonheur.
12 / Il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles arrogantes et des blasphèmes.
A nouveau la parole exerce sa puissance. La parole n'est-elle pas le moyen naturel d'exprimer et de transmettre des idées? La parole n'est-elle pas au commencement de toute religion? Christ qui n'a rien écrit lui-même, n'a-t-il pas annoncé l'Evangile par la seule parole? S'il est vrai que l'Ecriture est d'une importance capitale, elle est, en réalité, la fixation de la parole. Au commencement, Dieu ne "fit" pas, mais Dieu "dit." Gen.chap1 L'apôtre Jean commence son évangile par: "Au commencement était la parole." Jn:1.1
La bête parodie l'Ecriture. Les paroles arrogantes et les blasphèmes qu'elle prononce sont les lois nouvelles qu'elle décrète en utilisant le mode de langage du dragon: "Dieu a-t-il réellement dit?": Gen:3.1
Le Seigneur Jésus-Christ dit: "Qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive." Mat:16.2.4
La Bête dit: Abandonnez vos craintes, ayez confiance, suivez scrupuleusement mes préceptes, et vous profiterez pleinement de la vie. Ne voyez-vous pas que la porte du paradis est déjà entrouverte ?
13 / Il lui fut donné le pouvoir d'agir pendant quarante-deux mois.
Quarante-deux mois, soit trois années et demi, c'est aussi la durée qui est accordée aux nations, pendant laquelle elles fouleront aux pieds la ville sainte. Apo:11.2 Avec quelle unité ce temps est-il mesuré? Serait-ce une nouvelle unité de temps différente de celle que nous utilisons actuellement? Quoi qu'il en soit, ces quarante-deux mois ont une durée que nous ignorons. Cette limitation ainsi énoncée laisse sous-entendre que, mesurée à l'échelle de la durée de l'humanité, elle sera relativement courte. N'est-il pas écrit : "Il espérera changer les temps et la loi." Dan:7.25. Cet espoir inaccompli s'expliquerait-il par la brièveté de sa durée?
14 / Elle ouvrit sa bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, le déesse-science fille du dragon imite Dieu, et prêche une loi nouvelle.
- Dieu dit: "Tu n'auras pas d'autre Dieu devant ma face." (voyez Exode.2:30 et la suite)
- La déesse dit: Je suis la seule que tu dois vénérer.
- Dieu dit: "Tu ne te feras pas d'images taillées. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point;"
- La déesse dit: "Tu enlèveras de ton esprit toutes les pensées irrationnelles, et t'astreindras à respecter les lois de la matière."
- Dieu dit: "Tu ne prendras pas le nom de l'Eternel, ton Dieu, en vain."
- La déesse dit: Tu ne diras rien qui puisse être préjudiciable à la Science, laquelle est le garant du bonheur du peuple.
- Dieu dit: "Souviens-toi du jour du repos."
- La déesse dit: Le travail est pour les machines, le loisir est pour les hommes.
- Dieu dit: "Honore ton père et ta mère, afin de vivre longtemps dans le pays que je te donne."
- La déesse dit: C'est moi que tu dois honorer, car je suis ton père et ta mère, n'est-ce pas par moi que tu as reçu la vie? Tu vivras dans l'environnement et le lieu que j'ai choisi pour toi, ceci pour ton plus grand bien et celui de la collectivité.
- Dieu dit: "Tu ne tueras pas."
- La déesse dit: Toute vie non conforme au bon fonctionnement de la société sera éliminée.
- Dieu dit: "Tu ne commettras pas d'adultère."
- La déesse dit: L'adultère est un concept archaïque qui était lié au mariage. L'acte sexuel est un plaisir naturel comme le manger et le boire que l'on partage avec ceux qui nous plaisent.
- Dieu dit: "Tu ne déroberas pas."
- La déesse dit : Le vol est une idée obsolète, grâce à la science et a son pouvoir, toutes choses sont mises au service de tous selon le besoin de chacun.
- Dieu dit : "Tu ne porteras pas de faux témoignages."
- La déesse dit : Les seuls témoignages valables sont ceux fournis par les machines chargées de la surveillance des hommes.
- Dieu dit : "Tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain."
- La déesse dit : La convoitise était une plaie psychologique des temps anciens, elle est inexistante aujourd'hui, car la Science à éradiqué cette maladie, d'autant mieux que la propriété n'existe plus, et que chacun reçoit ce qui lui est néccessaire.
14 / Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre.
Les chrétiens savent que : "La sagesse de ce monde est une folie devant Dieu." 1Cor:3.19 C'est pourquoi ils s'opposent à la domination de la déesse, mais ils ne sont pas armés pour vaincre en ce monde. Les vrais vaincus sont ceux qui, par amour pour ce siècle, se sont soumis au rationalisme.
15 / Dieu lui a donné l'autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue et toute nation.
La précision avec laquelle l'apôtre décrit les formes de sociétés indique que, avant la domination de la bête, les collectivités et les nations présentaient des divergences de cultures. Désormais la déesse-science a atteint son but. Elle s'est imposée sur toute la planète. Elle a résolu le grand rêve des hommes de Babel: ils sont tous unis et parlent le même langage, et vont enfin pouvoir s'élever jusqu'au ciel, enfin être Dieu.
16 / Et tous les habitants de la terre
Les habitants de la terre ! Cette expression démontre qu'il s'agit ici d'une autre époque et d'une autre civilisation. Fini les distinctions de races, de nations, de peuples, de religions, de partis, de zones d'influences socio-économiques. La mondialisation, qui avait commencé au XX° siècle, maintenant elle est achevée.
17 / l'adoreront.
Régner sans partage ne suffit pas à la déesse Science, elle veut, tels les empereurs romains, que le peuple lui rende un culte. N'est-ce pas elle qui a enfin réalisé les anciens désirs : panem et circenses! Vivre dans le loisir ! La déesse veut jouir de son triomphe; sa gloire doit éclater aux yeux de tous par une adoration universelle.
18 / Ceux dont le nom n'a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de l'Agneau.
Pourtant un petit nombre résistera. Ce sont ceux que Dieu a prédestinés à être préservés pour être les prémices de son royaume. Ici, il nous est confirmé une fois de plus que Dieu a tout créé au commencement, et que chacun d'entre nous ne peut que vivre le destin pour lequel il est né.
19 / Si quelqu'un à des oreilles qu'il entende.
Les oreilles de l'esprit doivent s'ouvrir pour "entendre", c'est-à-dire comprendre l'avertissement que l'apôtre nous donne afin que nous sachions où nous en sommes dans le calendrier de l'histoire, et puissions nous préparer aux difficultés futures. 1Cor:2.13.
20 / Si quelqu'un mène en captivité, il ira en captivité.
Ceux qui ont participé au pouvoir de la déesse Science en manipulant les consciences, en interdisant la libre circulation des idées et en s'opposant à la propagation de la foi, iront en captivité dans le royaume des ténèbres.
21/ Si quelqu'un tue par l'épée, il faut qu'il soit tué par l'épée.
L'épée est le symbole de la parole. Ceux qui tuent l'esprit par la parole, qui prêchent le mensonge, sont voués à la mort, la mort : or, la vraie mort c'est l'absence de la présence de Dieu.
22 / Puis je vis monter de la terre une autre bête.
La bête qui monte de la Terre, sortie de la matière, c'est la science "concrète": le matérialisme, lequel exclut totalement l'existence de l'âme et de l'esprit. Le matérialisme professe que la matière est l'unique réalité, et que la santé, le plaisir sont les buts fondamentaux de la vie. Les propriétés qualitatives et quantitatives de la matière et de ses composants sont seules dignes d'être étudiées, et leur étude a pour but de donner la vie à cette matière. La bête qui monte de la terre est indissociablement combinée à la technologie. A l'instar de Dieu, la déesse Science dit : que la technologie produise des machines vivantes selon leur espèce, et cela fut ainsi.
23 / Qui avait deux cornes.
Ces deux cornes, sont les deux pouvoirs qu'exerce la machine sur l'homme:
- Elle intervient sur son corps. Elle lui épargne le travail et subvient à tout ce dont il a besoin.
- Elle intervient sur son âme. Dès sa jeunesse elle lui procure l'éducation, dirige et partage ses pensées, ses loisirs et son destin. Elle est la gouvernante modèle et attentive de l'homme moderne.
24 / Comme celle d'un agneau.
La comparaison avec un agneau, qui n'a pas de cornes, signifie que la bête de la terre opère avec douceur. Cette douceur semble d'autant plus naturelle que l'homme à l'impression que sa création lui voue une obéissance totale, et ne remarque pas qu'en réalité il est dominé par elle.
25 / Qui parlait comme un dragon.
Le langage de la bête de la terre est le même langage que celui du dragon et de la bête de la mer. Le langage des machines est évidement le langage que la déesse-science leur a donné. La bête de la terre, issue d'une puissance spirituelle: le dragon, et d'une puissance d'homme: la Science, ouvre une ère nouvelle, que nous nommons: l'ère de la "machinité", par analogie à "humanité", car en ce temps-là, la machine a acquis un droit de cité égal à celui de l'homme. Pour comprendre ce que nous entendons par machinité, reprenons l'histoire à son origine.
- Dieu, par le Christ, est venu sur terre pour annoncer aux hommes l'Evangile de la grâce et du salut, Evangile qui les guide vers le royaume de Dieu.
- Après avoir été précipité sur la terre, Satan, le dragon, imite Jésus-Christ et annonce un évangile nouveau qui, grâce à la Science, mènera l'homme vers la société idéale, le paradis terrestre.
- Au commencement Dieu dit : "C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras ton pain." Gen:3.19
- La Science réplique :
C'est par ton intelligence que la nature sera à ton service, car l'homme est un dieu qui, grâce à son génie, règne sur la nature. Comparez Gen.1.28
L'ère nouvelle qui s'ouvre n'est pas liée à l'omniprésence de la machine, il y a longtemps déjà que la machine habite parmi les hommes. Cette ère est nouvelle parce que la machine est intégrée dans le tissu social. Il y a l'humanité, et conjointement, il y a la machinité. Il y a les droits de l'homme, il y a, d'une importance identique, les droits de la machine. Détruire une machine est un crime équivalent au meurtre d'un homme, car, la mort d'une machine est une perte économique et sociale parfois plus importante que la mort d'un homme qui, lui, n'est qu'un simple consommateur dont la prolifération doit être contrôlée.
Après l'arrivée de Jésus-Christ sur la terre, les hommes continuèrent à vivre comme auparavant, "ils se mariaient et mariaient leurs enfants." Mat:24.38. La seule chose qui changea fut que le temps de la grâce remplaça le temps de la loi. Ce qui, bien que cela ne revête l'aspect d'une révolution, décida du destin de l'humanité. Il en va de même après l'arrivée du dragon sur la terre. Les machines sont construites et construisent d'autres machines, chacune continue son travail comme à l'habitude. Ce qui change est qu'elles ne sont plus esclaves mais vivent en symbiose avec l'homme. Si la venue de Jésus-Christ fut une révolution spirituelle, la venue du dragon est une révolution psychique qui engendre une mutation et modifie les fondements de l'humanité. La machine ne se limite pas à vivre en épiphyte sur la société, mais elle s'intègre jusque dans le corps de l'homme, elle se substitue à ses organes, elle influence ou domine son intelligence.
26 / Elle exerçait toute l'autorité de la première bête en sa présence.
Sans la Science la machine n'est rien, et elle ne peut agir que sous son contrôle. Par ailleurs, si la machine n'est rien sans la Science, la Science, sans la machine, n'a aucune possibilité d'exercer son pouvoir.
27 / Elle faisait que la terre et ses habitants adoraient la première bête.
Une déesse n'existe et ne vit que par ses adorateurs. Ses ouailles, qui ne se satisfont pas de concepts intellectuels, auxquels elles ne comprennent rien, réclament du concret, du visible, du palpable, du sensible, du sentimental. Le peuple veut éprouver des émotions fortes :
"Quel miracle fais-tu afin que nous croyions en toi?" Jn:6.30.
Le peuple ne veut pas entendre des paroles de consolation ni de promesses, il veut jouir des miracles que doit produire sa déesse. Ainsi, par ses créations, la Science prouve qu'elle est une divinité bonne et généreuse, dont le but est d'offrir à l'homme le paradis qui hante le fond de son subconscient.
Notons que l'apôtre décrit en détail le corps de la bête de la mer, mais ne décrit pas le corps de la bête de la terre. Il ne la considère que par sa puissance et ses moyens de communication. On peut sous-entendre que cette absence de description physique s'explique par l'absence de mots capables d'exprimer l'ampleur et l'infinie diversité des machines imbriquées dans la vie de l'homme en ces temps de la fin.
28/ Dont la blessure mortelle avait été guérie.
C'est la deuxième fois qu'il est rappelé qu'une tête de la déesse-science a survécu à sa blessure. La persistance à rappeler cet événement démontre l'importance qui est attachée à la renaissance de la psychologie, dont l'action est capitale dans l'accomplissement de l'eschatologie.
29 / De grands prodiges, jusqu'à faire descendre du feu du ciel sur la terre.
Le feu est l'une des peurs communes à tous les animaux. Tous le redoutent et aucun n'est capable de le produire. Le feu est la découverte qui a permis de transformer la matière, transformation qui, dès les temps anciens, devait lui ouvrir les portes du ciel. Gen.11:3 Le feu, la flamme et sa lumière ont gardés, à travers les siècles, leur pouvoir de séduction, et l'homme moderne n'y échappe pas. C'est pourquoi ses célébrations, ses commémorations, ses adorations, ses fêtes, qu'elles soient païennes ou religieuses, sont toujours entourées de feux, de flammes ou de lumières qui réveillent la peur viscérale qui sommeille dans l'homme sentimental. Ainsi, faire descendre le feu du ciel sur la terre est le symbole du summum de la puissance.
L'application avec laquelle l'apôtre s'astreint à expliquer ce qu'il voit, et l'insistance qu'il apporte à décrire les pouvoirs de la machinité, compense largement les lacunes d'un vocabulaire qui, au premier siècle de l'ère chrétienne, était incapable de dépeindre l'anachronisme de sa vision.
30 / Et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'elle faisait en présence de la bête.
Les gouvernements, de quelque nature qu'ils soient, ne se maintiennent au pouvoir que par des actions qui satisfont, voire enthousiasment les foules. Le peuple n'obéit qu'à ceux qu'il admire, ou qui l'asservissent. La machinité est séduisante pour les habitants de la terre puisqu'elle satisfait leurs besoins et leurs désirs. Les prodiges de la bête rappellent, ainsi que déjà dit plus haut, que la machinité n'agit qu'en relation étroite avec la Science.
31/ Disant aux habitants de la terre de faire une image à la bête qui avait la blessure de l'épée.
C'est la troisième fois que la blessure de la bête est évoquée.
Résumons la situation. Nous savons que la bête de la mer symbolise la Science, qui apparaît aux hommes comme une déesse toute puissante capable d'accomplir des miracles. Une de ses têtes qui avait été blessée a mort, renaît et devient la religion unique toute puissante et obligatoire. Cette religion agit sur les consciences afin de faire accepter, voire glorifier, les actions du matérialisme. Toutefois, cette déité est un concept trop abstrait pour le peuple qui n'appréhende que le concret et le visible. Nous savons, par ailleurs, que la machinité ne peut survivre qu'en symbiose avec la Science. C'est pourquoi elle incite les hommes à lui faire une image, c'est-à-dire à fabriquer un totem auquel ils puissent s'identifier.
"Allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous." Ex:32.1
Le terme "image" est à prendre ici au sens figuré. L'image évoquant la Science n'est pas une statue ou une icône, ni une image tridimensionnelle animée, subliminale ou virtuelle. C'est un "totem cérébral", semblable à celui que la psychologie actuelle nomme "l'image du père", qu'elle classe parmi les archétypes de l'inconscient collectif. La machinité s'adresse aux habitants de la terre, à des matérialistes, elle ne s'adresse pas à ceux qui ont foi en Dieu. C'est dans le subconscient que doit résider et que doit vivre l'image. Cette image ne peut pas corrompre les chrétiens, car leur esprit est totalement occupé
"s'il vit, ce n'est plus lui qui vit, mais Christ qui vit en lui." Gal:2.20 - Eph:3.17 - Jn:14.23
C'est à la biopsychologie que revient la mission d'imprimer, dès la naissance, cette marque indélébile. Ainsi manipulés psychiquement et physiquement, l'image mentale et anthropomorphique de la déesse Science accompagne les hommes tout au long de leur vie, comme le totem accompagnait la vie des primitifs.
32 / Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête, afin que l'image de la bête parlât.
Etant intimement liée à l'homme, la machine l'influence tant par la nourriture que par les soins physiques et ludiques qu'elle lui procure. Elle provoque comme elle veut, et quand elle veut, la stimulation de l'image dans les cerveaux conditionnés. Le culte de la déesse atteint son apogée lors des grands rassemblements publics, au cours desquels les sujets sensibles tombent en transe, glossalalisent ou prononcent des oracles à la louange de la Science divinisée. Contrairement à ce qu'on serait tenté de croire, l'ère de la machinité n'est pas l'apogée du rationalisme tel qu'il est défini aujourd'hui, mais est une époque religieuse et mystique. Déjà, nous constatons que plus la société se modernise, plus l'ésotérisme progresse. Plus le temps de loisir s'allongera, plus les hommes méditeront sur leur sort, et tenteront de s'évader vers d'inaccessibles nirvanas.
33 / Et que tous ceux qui n'adoraient pas l'image de la bête fussent tués.
Ceux qui perçoivent la détresse morale d'une telle société et qui s'efforcent d'en infléchir le cours, sont radicalement éliminés. De même, ceux qui sont éloignés de Dieu sont morts spirituellement, bien que vivants; de même, ceux qui refusent de se soumettre à la déesse, sont morts socialement, bien que vivants. Certes, ils ne sont pas exécutés, la peine de mort, que Dieu a instituée, a été abolie depuis longtemps, mais, suite à une intervention sur leur cerveau, ils sont réduits à une vie végétative et inoffensive.
34 / Et fit que tous, reçussent une marque sur leur main droite ou sur leur front.
La machinité ne peut fonctionner et perdurer que si la totalité de la collectivité est rigoureusement ordonnée et classée et régulée. Il faut que chacun et que chaque chose soit à sa place. Au siècle des lumières la nature avait horreur du vide, la machinité à horreur des cases vides et des lignes non écrites. Chacun doit porter une marque comportant toutes les caractéristiques de sa personne, même les plus intimes. La marque sur la main est un contrôle physique, et la marque sur le front est un contrôle psychique. Sur la main pour contrôler les actions, et sur le front pour contrôler les pensées. Ces contrôles n'ont rien de nouveau, nous en sommes déjà là aujourd'hui, physiquement avec la carte d'identité électronique, et moralement avec la censure et qui pèse sur l'enseignement et sur les médias. Il est évident que ces contrôles iront en s'amplifiant.
35/ Et que personne ne pût acheter ou vendre, sans avoir la marque, et le nom de la bête, ou le nombre se son nom.
Acheter et vendre est à prendre au sens figuré. Il est clair qu'en une société où règne la machine, le gain, l'achat, la vente, les bénéfices financiers n'ont plus aucun sens. La nourriture et les objets nécessaires à la vie sont fournis à chacun en fonction de ses besoins. Afin que chaque citoyen reçoive rationnellement les biens que distribue la communauté, il doit porter le signe de son appartenance. Ne sommes-nous pas à l'aube d'une telle société? Les cartes d'identité électroniques, qui enregistreront tous nos déplacements et toutes nos actions, ne sont-elles pas le signe de notre allégeance aux lois et aux préceptes institués par "le système" ? Il est à prévoir que les signes d'identités que porteront les hommes en ces temps futurs, seront quelque peu différents de ceux d'aujourd'hui, et il est très probable qu'ils les porteront dans leur chair, afin qu'en toutes circonstances chacun ne puisse cacher sa personnalité. L'interpénétration de la machine et du corps humain sera, en ces temps-là, aussi naturelle que l'est pour nous aujourd'hui le port de lunettes ou d'appareil dentaire. Nous avons appelé "machinité" cette époque, nous aurions pu la baptiser humachinité, contraction de homme et de machine, dénomination qui serait plus conforme à la réalité.
36 / Tous, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves.
Par ces trois types de qualificatifs, l'apôtre nous fait comprendre, en utilisant les figures de son temps, que cette humanité comporte des classes. Il eut été bien incompris s'il s'était aventuré à décrire une hiérarchie sociale organisée selon le système des machines. Si on considère les catégories, acheteur et vendeur, citées plus haut, elles sont aussi au nombre de trois:
1- la marque.
2- le nom de la bête.
3- le nombre de son nom.
Un citoyen qui porte la marque est un composant du peuple.
S'il porte le nom, c'est-à-dire l'âme: il est membre de la grande classe des techniciens qui participent à la construction et à l'éducation des machines.
S'il porte le nombre, c'est-à-dire l'esprit, il a accès aux codes de programmation des machines : il est l'un des grands prêtres qui siègent dans les conseils de la machinité.
37 / C'est ici la sagesse.
Un esprit rationnel habitué aux méandres de la philosophie moderne, plagiant Ponce Pilate, demanderait : Qu'est-ce que la sagesse ? A notre époque, le sage est celui qui sait, ou plus exactement, le sage est celui que l'on croit qu'il sait. Quelle qu'en soit la forme ou la définition, la sagesse de ce monde est liée à la science. La vraie sagesse s'exprime dans la connaissance de Dieu, connaissance qui, selon ce que nous désignons sous le processus itératif de Moïse, Exo.33.13 nous permet de commencer à comprendre et d'aimer la grandeur infinie de notre créateur.
38 / Que celui qui a de l'intelligence,
L'intelligence, dont il est question est celle qui vient de Dieu, et non d'une intelligence qui, actuellement, est jaugée plus sur une capacité à mémoriser qu'une aptitude à comprendre. Il est probable que la machinité inventera une unité d'intellectualisation mieux adaptée.
39 / Calcule le nombre de la bête.
Dès la genèse, le dragon a tenté l'homme en lui faisant croire qu'il pourrait être semblable à Dieu. Gen.3,5 Cette idée n'est pas un mensonge. Jn.10:34 Le mensonge réside dans la volonté d'être dieu par soi-même. C'est ce même désir qui a stimulé les progrès de l'humanité, pour y parvenir les hommes ont préféré utiliser la matière plutôt que l'esprit. A Babel, la transformation de la matière par le feu avait pour but d'atteindre le ciel, c'est-à-dire être comme Dieu. Gen.11:3 Le résultat ne fut pas celui qui était espéré, mais le bouleversement les fit réfléchir chacun dans sa langue. Les plus observateurs constatèrent qu'en essayant de modifier la matière d'étranges événements survenaient. C'est ainsi qu'au cours des siècles, ils s'astreignirent à transmuter la matière. Ils cherchèrent à produire de l'or, puis l'élixir de longue vie afin de maîtriser le temps. N'y étant pas parvenus ils cherchèrent à produire de l'énergie pour actionner des machines qui leur épargnaient le dur maniement des outils. Les résultats furent plus encourageants. Ils utilisèrent d'abord la vapeur, ensuite l'électromagnétisme, le pétrole, la force nucléaire, et… les découvertes à venir. A l'aube de l'ère atomique, l'homme entrevoit la possibilité d'utiliser l'immense énergie de la matière qui devrait, enfin, lui conférer la déité.
Si nous étudions le passé, nous constatons qu'à l'instar de sa propre genèse, l'homme a, lui aussi, écrit une autre genèse.
Au premier jour, il prend conscience de la matière.
Au deuxième jour, il créé le feu.
Au troisième jour, avec le feu, il modifie la matière.
Au quatrième jour, il crée des outils, puis des machines indépendantes.
Au cinquième jour, il extrait de la matière une énergie illimitée.
Au sixième jour, il dit : machines répandez-vous sur la terre, croissez, multipliez et que chacune, selon son espèce, produise et procure le bonheur de son créateur.
Au septième jour il se reposera, et considérant sa création l'homme dira : Voici, les machines travaillent pour moi et satisfont mes désirs, mais aucune ne m'est semblable. Alors l'homme prit une machine et lui insuffla les nombres, les concepts et les formules secrètes qu'il avait en lui, et la machine devint une machine vivante. Depuis, débarrassé des contingences matérielles, l'homme créateur partage sa vie avec la machine vivante dans son paradis terrestre.
Ainsi que le dragon le lui a si bien suggéré, l'homme a toujours tenté d'imité Dieu: Tel Christ, qui est venu dans sa créature, l'homme est entré dans sa création. Ce parallèle ne s'arrêtera pas là. De même Christ a été mis à mort par ses créatures, de même l'homme sera détruit par les machines qu'il a conçues. Christ, en une totale abnégation, est venu parmi les hommes, et est mort pour leur apporter un salut universel. L'homme, en un incommensurable orgueil, descend dans la machine et disparaît en elle pour avoir voulu lui donner une vie semblable à la sienne: L'humanité meurt pour avoir tenté de se faire Dieu par elle-même.
40 / Car c'est un nombre d'homme.
Cette explicitation confirme que le nombre de la bête, le nombre de la machine est bien un nombre provenant de l'esprit de l'homme.
41 / et son nombre est six cent soixante-six.
Les machines pensantes ont commencé à penser à l'aide des nombres binaires et de la logique booléenne. La puissance des processeurs est sans limite, et leurs possibilités de calcul sont infinies, tel le nombre six cent soixante-six, qui est le résultat d'une division sans fin. Les nombres ont, de tous temps, obsédé les hommes, seront-ils un des vecteurs de sa disparition?
Quoi qu'il en soit, la lecture de l'Apocalypse nous enseigne à ne pas s'attendre à ce que l'humanité s'améliore, car elle est entrée en décadence, et si elle progresse matériellement, elle dégénère spirituellement. Ne s'achemine-t-elle pas vers sa fin? Une fin qui, comme nous le décrit l'apôtre Jean, est une fin tragique. Puisque Dieu nous laisse entrevoir l'avenir, ayons la sagesse de nous y préparer dans la mesure où l'époque dans laquelle nous vivons, nous le permet encore.